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Le travail, un refuge pour oublier ses problèmes persos ?

Un article de Coline de Silans en période de confinement pour le site Welcome to the jungle paru le 10 novembre 2020. Des témoignages et quelques réponses formulées avec ma collègues la psychologue Gabrielle le Gall.


Le travail, et ce qu’il représente pour chacun d’entre nous, a beaucoup été questionné pendant le premier confinement. Pour certains, il est simplement un moyen de gagner sa vie. Pour d’autres, il est une source de reconnaissance. D’aucuns y trouvent une façon de se rendre utile à la société quand d’autres, enfin, y trouvent refuge quand leur vie personnelle devient trop difficile à gérer. Et inutile de se mentir, entre le confinement bis et l’avalanche de mauvaises nouvelles, se réfugier dans le travail est parfois bienvenu. Se “surinvestir” dans le boulot peut nous permettre d’oublier temporairement les galères quotidiennes, mais aussi nous procurer un certain épanouissement, un sentiment d’utilité parfois compliqué à trouver hors de la sphère professionnelle. De là, est-ce que trouver refuge dans son travail est forcément un mal ? À quel moment ce comportement peut-il devenir dangereux, et comment trouver un juste équilibre ? Pour le savoir, nous avons discuté avec des profils qui ont tendance à adopter cette attitude, momentanément ou de façon plus diffuse, ainsi qu’avec deux psychologues cliniciens du travail, qui nous ont permis d’éclaircir ces questions.

Une attitude qui peut être constructive…

Travailler plus pour ne pas ruminer

Quand nous rencontrons des problèmes personnels, se réfugier dans le travail pour s’occuper l’esprit et ne plus avoir à penser est assez tentant. Ce fut le cas pour Louison, qui, suite au décès de sa mère, a mis les bouchées doubles au boulot. « J’ai perdu ma mère alors que je ne m’y attendais pas du tout, en plein confinement. J’avais énormément de mal à accepter le deuil. Quand je suis revenue de ma semaine de congés, j’étais en mode bête de guerre, j’ai voulu occulter tout ce qui s’était passé, je ne voulais pas qu’on me parle de ça. On vivait une période charnière pour l’avenir économique de l’entreprise, donc m’investir à fond n’a pas été difficile. Je voyais le travail comme une solution pour masquer le problème : vu que mon esprit était occupé, je ne pensais plus à tout ce que le décès de ma mère impliquait. » Travailler plus pour ne pas ruminer des pensées noires est une solution qui peut sembler bancale. Mais selon la psychologue clinicienne spécialisée Gabrielle le Gall, s’immerger dans le boulot temporairement pour oublier ses soucis peut parfois être salvateur, et n’est pas nécessairement négatif. « Sur le moment, s’investir dans le travail peut être constructif, cela peut aider à faire face à une difficulté », explique la praticienne. S’occuper l’esprit en travaillant deux fois plus qu’à la normale peut ainsi nous aider à surmonter un obstacle que nous n’arrivons pas à gérer frontalement. C’est une façon de se donner du temps, en attendant que notre mental soit prêt à digérer ce qui est arrivé. C’est aussi la stratégie qu’a adoptée Philippine, avocate, suite à une rupture amoureuse qu’elle n’arrivait pas à surmonter. « Quand on s’est séparés avec mon copain, j’étais à temps partiel. J’ai immédiatement demandé à repasser à temps plein, et ça a été une véritable échappatoire, je me suis jetée corps et âme dans mon travail. C’était tout à fait assumé, j’ai même prévenu ma boss en lui demandant qu’elle me donne un maximum de boulot. »

Outre le fait qu’il occupe l’esprit, le travail a aussi comme vertu de nous raccrocher au concret, au pratico-pratique. « Souvent, on se réfugie dans quelque chose qui nous ancre dans le réel, analyse Lionel Leroi-Cagniart, psychologue et clinicien du travail. Il nous faut nous raccrocher à quelque chose de concret pour pallier une situation à laquelle on ne trouve pas de réponse. Il ne s’agit pas forcément de se réfugier, mais plutôt de se reconstruire. On est dans le ressenti : on se concentre sur la satisfaction qu’il y a à effectuer telle ou telle tâche, tandis que ce qui nous attend à côté, pour l’instant, on ne sait pas le gérer. » “Se donner” au travail quand on a besoin de s’aérer l’esprit permet de ne pas ruminer des pensées anxiogènes, pour ensuite analyser avec plus de sérénité nos problèmes personnels. Travailler pour se sentir bien

Pour certains, se réfugier dans le travail... Lire la suite sur le site Welcome to the jungle.

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